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Les Miscellanées du Korrigan
20 novembre 2006

Noirceur automnale

Soir d’automne, la nuit est tombée, le vent siffle dans la noirceur du ciel. Tout est calme. Il pleut. Dehors, des ombres mouvantes, silencieuses. Je contemple le spectacle depuis la fenêtre de ma chambre. La rue est déserte, vide, comme mon esprit à cet instant Amères sont les désillusions quotidiennes, surtout quand elles s’accumulent. J’ai parfois le sentiment que tout était plus simple avant, quand rien ne comptait vraiment. L’enfance souriante et joyeuse, les petits bonheurs journaliers, l’émerveillement perpétuel. N’était-ce pas plus agréable ? Ou du moins, plus facile…

Mais, il paraît qu’il faut grandir, devenir adulte. Vient le temps des premières séparations douloureuses, un ami qui s’en va, quatre ans plus tard c’est devenu un parfait étranger. Puis, on apprend que ce monde n’est pas tout beau tout rose. D’ailleurs, il n’est pas fait de noir et blanc mais d’innombrables nuances de gris. Tout ce qui était jusqu’à là bien établi se retrouve remis en question. Entre temps, on a supporté mille trahisons, tissé des liens, on en a brisé d’autres. On change, on se façonne. Le contact aux autres modèles nos comportements, la franchise disparaît, on joue, on rie, de rien, de tout. On se moque du lendemain et lentement, on s’enfonce dans les abysses de la tricherie. Le retour en arrière semble de plus en plus impossible, pourquoi vouloir enlever le masque alors qu’il vous cache si bien. Ne se sent-on pas mieux blottie derrière ? L’attachement et les sentiments n’ont plus de signification dans ce monde là, on évite déchirement, tristesse et déception.

(Mal)heureusement, certaines personnes arrivent encore à inverser la tendance. Des rencontres qui vont au-delà des apparences. Un voyage, un pays, des êtres, une mentalité différente, moins trompeuse, tellement plus légère. Mais tout à une fin et il arrive bien vite le temps de se dire adieu. Retour à la case départ. On en souffre encore. Les pensées, les souvenirs des moments heureux restent encore si vivaces…

Pourtant, les sentiments ont cela de grisant qu’ils ont la particularité d’échapper à tout contrôle. Notre façon de voir les choses évolue, si bien qu’on se retrouve face à soi même, à devoir s’avouer ce qu’on s’est défendu d’éprouver. De la tendresse, de l’attirance et une cohorte d’émotions, un tant soit peu déstabilisantes. La peur d’avancer est grande, sauf quand on perçoit la même chose chez l’autre. Les comportements ne sont jamais anodins, ce sont des paramètres physiques qu’on fait varier pour observer la transformation du système. On attend, on se laisse faire, c’est di doux et effrayant à la fois. Surtout si dans les données du problème on prend en compte le fait que vous êtes une fille et que l’autre aussi. Peu à peu, elle vous fait sourire, elle vous émeut, vous ressentez ce petit nœud au creux de l’estomac quand elle vous parle. Jusqu’à ce que mutuellement vous acceptiez la situation. Alors on commence à sombrer dans une agréable dépendance.

Aujourd’hui, huit mois ont passés. Lentement, je change. On me le dit, mais au fond de moi je le constate aussi. Pas forcément en bien. Je suis amoureuse et c’est rudement chouette. Avec elle, les rires, les sourires, les paroles, ne sont jamais forcés. Tout est franc. J’apprends à être moi, juste moi et personne d’autre et ça fait du bien. Je parle de mes rêves, des mes espoirs, de mes craintes, mais sans peur aucune. Je ne cherche plus à me protéger. Parce que je sais que c’est inutile. Parce que chaque jour je pense à elle et je sais qu’à chaque instant elle fait de même.

J’ignore combien de temps cela durera. Je crains cependant qu’à un moment, le masque ne reprenne ses droits. Tout est affaire de décors, n’est ce pas. Pour l’instant, le voile est rose bonbon, mais je sais que le rideau noir veille non loin.

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